On vit à une époque où les gens ont tendance à courir après tout – après le temps, l’argent, l’amour, l’amitié, les souvenirs, leur vie qui va à la dérive. La vie est à l’image du fleuve qui serpente le sol, accidenté à certains endroits, plat à d’autres. Au lieu de se laisser porter par le fleuve, on s’épuise à pagayer contre le courant. On s’inquiète à propos de demain et on regrette ce qui s’est passé hier. On s’affaire du matin au soir, sans s’arrêter pour reprendre son souffle. De là notre impression que la vie est dure, qu’il faut se battre.
Le fleuve, comme la vie, est parfois calme, parfois houleux. Si on laisse notre embarcation flotter, on avancera sans trop faire d’efforts; il suffira d’éviter les écueils au fur et à mesure qu’ils se présenteront et de diriger adroitement notre embarcation lorsque le fleuve est puissant. S’inquiéter de ce qui pourrait se présenter plus loin serait un gaspillage d’énergie et de temps, et on ne serait pas assez présent pour profiter du voyage.
On a tout ce dont on a besoin : une embarcation et le courant. Il n’y a qu’à faire confiance au courant (la vie) et prendre soin de notre embarcation (soi-même). Quand on aperçoit un obstacle, on le contourne tout simplement – un obstacle à la fois. Le trajet devient ainsi une aventure où se succèdent les eaux calmes, les eaux turbulentes, les récifs et les paysages à couper le souffle. Et on arrive à bon port (fin de sa vie) heureux d’avoir profité du voyage et découvert de nouveaux horizons. Sans avoir à regretter d’être passés à côté de cette merveilleuse aventure qu’est la vie.
– Sylvie Grégoire