Quelle est la cause du malheur? L’une des causes fondamentales du malheur, selon moi, est que nous nous nous plaignons sans cesse et de tout – du temps qu’il fait, de notre conjoint, de notre emploi, de nos collègues, de nos proches, etc. Nous excellons dans cet art, que nous pratiquons depuis longtemps. Nous avons d’abord observé nos parents se plaindre, puis nos enseignants et ensuite les médias. Nous y sommes tellement habitués que lorsque nous le faisons nous-mêmes, nous ne nous en rendons même pas compte.
Mais nous n’avons pas toujours été comme ça. Rappelle-toi quand tu étais tout jeune. Tu jouais dans les flaques d’eau quand il pleuvait, l’hiver tu faisais des bonhommes de neige et des forts dans la neige, peu importe s’il faisait très froid, et chaque jour tu avais hâte d’aller jouer dehors avec tes amis dans le quartier. Je me souviens d’avoir très hâte que la journée commence pour que je puisse aller dehors sauter à la corde (qu’on appelait corde à danser)! Et j’adorais danser sous la pluie. En fait, j’aime encore ça, mais il y a bien longtemps que je me suis livrée à ce plaisir. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas heureux, nous ne nous permettons pas de nous amuser. La principale différence entre les adultes et les enfants est que les enfants vivent pleinement et savourent chaque instant de la journée, alors que les adultes ne font que subir la journée.
Revenons au cœur du problème. Pourquoi nous plaignons-nous? Parce que nous y avons été conditionnés. Et quand nous nous plaignons, nous jouons le rôle de la victime. Le hic, c’est que nous sommes loin d’être des victimes – chacun d’entre nous est l’auteur et le héros de son propre film – sa vie. Comment puis-je dire ça? Parce que nous jouissons tous de la liberté de choisir nos réactions aux événements dans notre vie. Et les choix que nous faisons transforment notre vie. En somme, ce qui distingue une personne heureuse d’une personne malheureuse est la façon dont elle réagit aux événements quotidiens.
Prenons par exemple une journée typique d’hiver.
Matin : Tu te prépares à la hâte pour aller travailler parce que tu as appuyé sur le bouton snooze trop souvent, tu mets le pied dehors et tu commences à bougonner (te plaindre) parce qu’il neige. Tu te dis (te plains) que la circulation va être lente et que tu vas arriver en retard au bureau. Tu t’énerves (te plains) au volant, tu te fâches (te plains) contre les automobilistes, tu critiques (te plains) leur conduite et tu changes constamment de voie pour essayer d’aller plus vite. Tu arrives au travail les nerfs à fleur de peau et tu te plains de la circulation ou de l’hiver à quiconque te demandes comment tu vas.
Midi : Tu manges à ton bureau en lisant tes textos et en surfant sur Internet ou tu vas magasiner.
Après-midi : Durant une réunion, un collègue fait un commentaire critique à propos de ton travail sur un projet en cours. Tu t’offusques immédiatement et une dispute s’ensuit. Le président de la réunion intervient pour rétablir le calme. Après la réunion, tu revis cette dispute souvent dans ton esprit et ton ressentiment (tu te plains) envers ce collègue s’accroît.
Soirée : Au souper, tu racontes à ton conjoint ou à ta famille (te plains) ce qui est arrivé à la réunion et tu t’énerves (te plains) de nouveau. En soirée, tu écoutes ta télésérie préférée sur Netflix et ensuite les nouvelles. Quand tu te couches, tu as de la difficulté à t’endormir. Ça te contrarie (tu te plains) parce que tu te dis (te plains) que tu vas manquer d’énergie le lendemain.
Pour résumer cette journée typique, tu as passé toute la journée à te plaindre. À la pause du midi, tu n’as pas quitté le bureau et tu as regardé un écran ou tu as fait des courses. En soirée, tu as écouté une télésérie et les nouvelles, qui ne sont pas tout à fait relaxantes. Pour couronner le tout, tu as mal dormi – pas surprenant puisque le stress n’est pas exactement propice à une bonne nuit de sommeil!
Bon. J’aimerais te poser une question : « Peux-tu faire des choix différents à chacun de ces moments ? » Que nous en soyons conscients ou non, nous choisissons la façon dont nous réagissons.
Revivons cette journée en faisant des choix différents :
Matin : Tu te réveilles en pleine forme parce que tu as bien dormi (tu sauras pourquoi un peu plus loin). Tu as suffisamment de temps pour te préparer parce que tu as choisi de ne pas appuyer sur le bouton snooze et de régler ton réveille-matin plus tôt (tu as consulté le bulletin météo la veille). Tu enfiles ton manteau d’hiver et des gants chauds et tu mets le pied dehors. Tu choisis de respirer profondément parce que tu aimes l’air vivifiant de l’hiver. J’ai toujours adoré l’air en hiver, si frais et pur. Et à moins que tu puisses contrôler les conditions atmosphériques, à quoi bon se plaindre de l’hiver? Au volant, tu choisis de ne pas te plaindre de la circulation parce que tu sais que tu as amplement le temps de te rendre au travail puisque tu as réglé ton réveille-matin plus tôt. Tu choisis de ne pas te fâcher contre les automobilistes ni de critiquer leur conduite – parce que tu n’as aucun contrôle sur leur conduite – et tu arrives au travail à temps et relaxe.
Midi : Tu choisis d’aller faire une marche. Tu enfiles ton manteau et tes gants et tu sors te dégourdir les jambes et prendre l’air. Tu arrêtes en chemin pour manger sur un banc de parc. Quand tu reviens au bureau, tu te sens en pleine forme grâce à l’exercice et à l’air frais. Conseil : il suffit d’un brin d’organisation pour faire les courses une ou deux fois seulement par semaine, et cette tâche peut être partagée en établissant un horaire avec son conjoint.
Après-midi : Durant une réunion, un collègue fait un commentaire critique à propos de ton travail sur un projet en cours. Tu choisis de ne pas t’offusquer et de réfléchir objectivement au commentaire. Est-ce vrai? Si le commentaire est valable, tu choisis d’assumer ta responsabilité à l’égard du travail et tu discutes de la façon de corriger le problème. Si le commentaire n’est pas fondé, tu le mentionnes calmement en donnant des preuves concrètes. Le dialogue demeure professionnel et ta relation avec ton collègue reste saine.
Soirée : Au souper, tu choisis de demander à ton conjoint ou à ta famille de te parler de leur journée et vous échangez des anecdotes. En soirée, tu choisis de passer du temps de qualité en famille ou avec ton conjoint ou de t’adonner à l’un de tes passe-temps préférés – une activité qui te comble de joie et de bien-être. Tu choisis également de ne pas écouter les nouvelles (écouter les nouvelles juste avant d’aller au lit est déconseillé pour bien dormir). Tu règles le réveille-matin après avoir consulté la météo et tu passes une bonne nuit de sommeil.
Pour résumer, tu as choisis de jouir de chaque instant à toutes les occasions qui se sont présentées à toi et de ne pas t’énerver et te plaindre de faits ou de comportements sur lesquels tu n’as pas d’emprise. C’est en faisant ces choix que tu peux ressentir un bien-être et un bonheur véritables.
Alors, quelle est l’antidote? Voici une règle d’or : Rappelle-toi que tu n’es pas une victime. Tu es l’auteur et le héros de ton film, ta vie. Tu as le choix à chaque instant et les choix que tu fais détermineront comment tu vivras les événements de la journée et, au bout du compte, ta vie.
Lorsque tu choisis consciemment la façon dont tu réagis à chaque instant, tu transformes ta journée toute entière. Fais-le chaque jour et ta vie entière changera. Tu ne vivras pas juste en fonction de la fin de semaine; tu vivras chaque jour pleinement.
Que désires-tu : le bonheur ou le malheur? C’est à toi de choisir.
– Sylvie Grégoire